Lorsque le pape Serge Ier confère la dignité d’évêque à Hubert, par l’intermédiaire d’un ange, la Vierge Marie lui remet l’étole et Saint-Pierre lui-même lui tend une clé (ou cornet), symbole de son futur pouvoir thaumaturgique contre la rage… Le tableau de l’autel dédié au saint patron des chasseurs, dans le déambulatoire sud, fait revivre ces événements merveilleux qui illuminent le visage d’Hubert auquel l’abbé Nicolas de Fanson a donné son visage…
L’étole, abritée dans le reliquaire de l’autel, est faite de fils d’or et de soie. L’opération dite « la taille » était le chemin utilisé par les Moines pour mener le malade de la rage vers une guérison. L’Aumônier incisait un bout infime de fil dans le front de la personne atteinte de la rage et l’on assortissait cette opération d’une série d’obligations spirituelles et hygiéniques. Des milliers et milliers d’individus ont subi cette opération dite de la taille jusqu’à l’aube du 20ème siècle tandis que les animaux étaient marqués avec la clé de saint Hubert portée au rouge. Lors de la visite guidée, le visiteur ou pèlerin peut découvrir les instruments de la taille…
En l’absence des reliques corporelles, le culte de saint Hubert s’est concentré, depuis le 16ème siècle au moins, sur l’étole miraculeuse (17ème siècle) présentée dans son reliquaire sur l’autel de saint Hubert (1639-1640). C’est devant cet autel qu’a lieu, par exemple, la messe du pèlerinage d’Andenne depuis 1696, de Lendersdorf depuis 1721. C’est là aussi qu’avait lieu la cérémonie de la taille. De type autel-portique, la structure de cet autel s’apparente aux grands meubles liturgiques anversois du premier quart du 17ème siècle. L’élan des colonnes blanc et or supportant les entablements noirs impressionne. Posé sur un nouveau soubassement, le niveau inférieur est constitué de quatre colonnes d’ordre corinthien qui encadrent un grand tableau. Celui-ci figure le sacre de saint Hubert sous les traits de l’abbé Nicolas de Fanson (1611-1652), dont les armoiries figurent au bas du tableau : cet abbé réformateur rétablit ainsi la filiation directe avec Hubert et l’autorité de Rome. Au-dessus de l’entablement se trouvent deux consoles en C, deux angelots portant un culot, les statues de saint Benoît et sainte Scholastique.
Le second niveau de l’autel présente une statue de saint Hubert évêque, au pied duquel se trouve un cerf, dans une niche, sous un fronton triangulaire, dont les sommets sont amortis par les statues du bienheureux Thierry de Leernes, de saint Bérégise et du Christ Sauveur. À l’instar du tableau central, cette « pièce montée » symbolise la volonté de réforme de l’abbé, soucieux de revenir à une certaine forme d’authenticité recherchée dans la fondation de l’abbaye (Bérégise), le temps de l’essor religieux et intellectuel (Thierry, XIème siècle), la règle bénédictine (Benoît et Scholastique), la référence primordiale au Christ et à saint Hubert.