La fondation de l’abbaye de Saint-Hubert relève du merveilleux… Plectrude, épouse de Pépin de Herstal, se rendait à son domaine d’Amberloup, quand avec son escorte, elle décide de prendre du repos auprès d’une fontaine de notre forêt d’Ardenne. Au grand émoi du groupe, un phylactère tombe du ciel avec un mystérieux message que Bérégise, aumônier de la gente dame est chargé d’interpréter : « il faut établir une abbaye en ce lieu… ». Nous sommes à la fin du VIIe S. et l’humble abbaye des débuts ne cessera de se développer grâce au transfert, en l’an 825, des reliques de saint Hubert, invoqué contre la rage et patron des chasseurs…
L’initiative de la fondation de l’abbaye revient à Pépin II de Herstal et à son épouse Plectrude. À la fin du 7ème siècle, leur intention était sans doute d’évangéliser la région et d’installer des moines capables de gérer et de faire fructifier un domaine. L’opération est importante puisque la direction du groupe est attribuée à Bérégise, aumônier de la famille de Pépin. Les revenus sont assurés par un domaine couvrant Andage, Arville, Lorcy, Chirmont, Hatrival, Smuid. Au cœur d’un réseau routier romain dense et d’un environnement de villas gallo-romaines laissées à l’abandon (Vesqueville, Hatrival, Bras, Saint-Hubert), les moines prennent possession d’une clairière riche en sources. Tout est présent pour se développer et aussi pour construire : bois, sable, argile, pierres, …
Au même moment, un certain Hubert (665-727), proche de la famille de Plectrude, succède à Lambert sur le trône d’évêque du grand diocèse de Tongres-Maastricht. Celui qui allait devenir saint Hubert, déjà à l’origine de la fortune historique de Liège, est peut-être un des fondateurs de ce monastère en Ardenne.
A partir de 815, l’abbaye rencontre de grandes difficultés et tombe en décadence. L’évêque de Liège, Walcaud, envoie des moines bénédictins, les dote d’un vaste domaine et leur obtient, en 825, la translation du corps de saint Hubert de Liège à Andage. Saint Hubert devient alors l’objet d’un culte extraordinaire comme patron de l’Ardenne, des chasseurs et saint guérisseur de la rage. Ainsi, non seulement Andage deviendra Saint-Hubert, mais l’abbaye bénédictine, rétablie et richement dotée, deviendra dans sa Terre et bien au-delà tour à tour et tout à la fois : centre religieux et administratif, moteur commercial, moteur culturel, moteur industriel, jusqu’à sa vente le 10 octobre 1797.
Quelque vingt-cinq années avant la vente de l’abbaye, Le Gay, architecte-expert de l’Abbé N. Spirlet, dessine un plan de l’abbaye. Cet état des lieux à la fin du 18ème siècle est précieux pour retrouver le sens des bâtiments subsistants. Il faut donc comprendre nos témoins d’aujourd’hui dans un ensemble articulé autour de l’abbatiale. L’abbaye était un espace fonctionnel à vocation cultuelle, lieu de prières et de réflexion, espace culturel et économique avec ses bâtiments d’exploitation, espace communautaire enfin, avec ses bâtiments conçus et articulés pour vivre ensemble dans le respect de la règle de saint Benoît. Elle était aussi un monde clos, en retrait du monde, avec son enceinte et ses tours, avec son cloître, lieu de rassemblement, de distribution et d’accès vers tous les bâtiments monastiques.